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André Luiz de Souza, musicien brésilien, intervenant sur l'atelier Batuccada       par Fatima

photo André.JPG (91596 octets)Est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs :

Moi je m'appelle André et lui c'est Célio, Célio c'est mon compagnon de route depuis déjà bientôt 12 ans. Donc lui il est auteur compositeur arrangeur, guitariste, bassiste, d'un groupe qui s'appelle Jiripoca Band, un groupe qui tourne depuis 10 ans. Là, on vient de finir notre cinquième album, donc on est en tournée un peu sur toute la France parfois même en Suisse, en Italie.
Nous sommes d'origine Brésilienne, Célio plutôt de la culture de Rio, la culture Carioca, c'est des gens qui habitent à Rio et moi je suis de Sao Paulo, mais de la périphérie, donc des bidonvilles de la zone sud de Sao Paulo et moi je suis plutôt chanteur, compositeur. J'ai une autre casquette : je suis aussi réalisateur, je fais aussi des films, des documentaires et voilà c'est à peu près tout. On est là un peu pour partager notre culture, notre musique avec vous.

Est-ce que je peux te demander quel est ton métier ?

Mon métier : on va dire que je gagne ma vie avec la musique. Par ailleurs je suis réalisateur de cinéma, donc je réalise de temps en temps des films personnels et aussi je collabore depuis 10 ans avec Handicap International. Là il y a deux semaines par exemple je viens de faire la voix d'un documentaire pour Handicap International sur les mines anti-personnelles
Par ailleurs aussi j'ai une formation actuellement en psychologie et ça me permet aussi de travailler des ateliers de médiation musicale avec la musique, le chant, le corps et la percussion avec des jeunes dans un cadre thérapeutique. C'est encore un autre travail un petit peu plus fin et un petit peu plus individualisé que le travail qu'on fait ici, où c'est plutôt des groupes, des rencontres, des partages, etc....

C'est quoi thérapeutique ?

Thérapeutique c'est en fait : on rencontre des gens qui parfois sont en dépression, des gens qui sont trop tristes, des gens qui ont des problèmes dans leur vie. Ca peut être parfois des toxicomanes, des gens qui consomment la drogue, des gens qui ont des problèmes de santé et en fait pas au niveau biologique, c'est plutôt dans leur tête. Donc après on propose un dispositif dans un cadre, dans une salle. On écoute de la musique ou on va utiliser la musique, le corps, la chanson pour objet de médiation. On va exprimer notre émotion, notre frustration, nos peurs, nos angoisses, etc. Et puis, comme on partage ça avec quelqu'un d'autre , c'est comme si on sortait de nous quelque chose qui est très très lourd , et puis on le socialise et du coup on le partage . Et puis avec la rencontre de la parole de l'autre parfois, on va mettre des mots où il manquait des mots. On va donner du sens où il manquait du sens. Et puis on avait un petit coin dans notre tête qui était un peu tristounet ou un peu dépourvu de sens, de signification, on va donner des mots, on va mettre des images, et du sens à ça. Et après on se sent parfois un petit peu mieux. On oublie ces choses là qui font mal parce qu'on a pu en parler, parce qu'on a pu mettre dehors.

Où as-tu appris la musique, à l'école ?

Je suis autodidacte en fait, donc quand je suis arrivé en France, je ne savais même pas taper un tambour. C'est en rencontrant des musiciens professionnels, en composant, en écoutant, petit à petit je me suis approprié de cette musique à l'oreille ; je joue un peu la percussion, je chante un petit peu et la guitare, je connais même pas une note musicale. Je bricole à l'oreille comme ça pour composer . J'ai appris en rencontrant les gens.

C'est quoi la Batuccada ?

La Batuccada, en fait c'est un ensemble de percussions, d'instruments différents, où on va jouer un rythme en général, le rythme traditionnel, la Samba. En fait c'est composé grosso modo par des grosses caisses qu'on appelle des " surdos ", les caisses claires qu'on appelle les " maracachites ", après il y a un autre tambour qui s'appelle " répinique ", d'autres instruments qu'on appelle les " maraccas " ou les " chucayos ", la " cuica ", " les agogôs ". Et en fait on défile avec ça pour le Carnaval ; c'est né dans les écoles de Samba où les gens chaque année font un concours à l'époque du carnaval. La Batuccada, c'est les gens qui jouent des instruments de percussion et les gens qui vont faire les chars, les gens qui vont faire les costumes sur tout un thème choisi comme thème de l'année ; où l'école va travailler autour, comme ici le thème cette année c'est le Brésil. Chacun travaille de son côté et ensuite on va faire un petit spectacle.

De quoi parlent les chansons que l'on chante en atelier?


En général, ce sont des chansons traditionnelles voire folkloriques. Donc la première chanson, Xenani, c'est une chanson de remerciements à la nature qui nous offre à manger, donc en général les Indiens chantent ça avant d'aller à la pêche. " Onissawuré ", c'est une chanson qui parle soit de bienvenue la lumière, soit de bienvenue de l'énergie vitale, c'est soit bienvenue la paix, l'harmonie, la santé, le bonheur, c'est ça que ça veut dire.
Après " baiao de nina ", c'est une chanson du folklore brésilien qui veut dire " j'ai enfanté pour nina ", nina c'est le bébé, " à mon amour, j'écris ces vers avec la lumière de la lune ". Voilà ça parle de l'amour.
Et puis les autre chansons parlent de la vie des gens, de personnages . Quand à Samba lélé, c'est plutôt ce qu'on appelle la poésie au quotidien, c'est-à-dire que ça raconte les petites histoires de la journée, en fait ce sont des morceaux très anciens qui parlent de la vie, qui remercient la vie, qui remercient la bonne énergie, la santé, le bonheur et les autres chansons c'est plutôt la poésie quotidienne, de l'imaginaire collectif populaire du peuple brésilien.

Quel est ton mot préféré... et celui que tu n'aimes pas ?

Mon mot préféré c'est l'amour. Le mot que je n'aime pas c'est la haine.
La haine c'est une rage, c'est la rage contre l'autre, c'est la rage contre la vie. La haine peut générer la guerre, la haine peut casser l'amitié, la haine c'est une énergie destructive et l'amour c'est une énergie positive, constructive. La haine c'est le contraire de l'amour.

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